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Page:D’Esparbès - Le Roi (1910).djvu/328

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LE ROI

par la chevauchée, les brailleries des bombes et les grinçants glaives, madame de Gramont découvrait de petits crocs féroces et tirait machinalement son épée. Une seconde fois, comme la veille, le Gascon sentit qu’elle lui échappait, que l’exquise épouvante, l’aimable douceur et les faibles grâces féminines avaient déjà fui ce sein de soldat. Avec ses vêtements tombés, il lui sembla que la femme, elle aussi, gisait dans la petite chambre campagnarde où il l’avait armée chevalier. Il revit en fermant les yeux les trois robes, les jolis bas gris, la chemisette surtout, fine, si blanche…

Le regard de Biron demandait ses ordres, mais un ravissement soudain rougit l’amoureux :

— Formez régulièrement l’escadre, dit-il vite. L’occasion sera meilleure à mon retour pour battre l’ennemi de côté ; je reviens, monsieur le maréchal !

Il bondit aux retranchements, viola ses bagages, remonta en selle, arracha une lance au poing d’un soldat, et revint d’un furieux galop dans la troupe étonnée des nobles. Cette manœuvre s’était faite en quelques secondes, le temps d’un geste.

Dressé devant ses régiments, le roi mit la perche en terre, ouvrit sa main droite, déroula un frissonnant linge, une mousse — sire… gémit Corisande — quelque chose de blanc, de fin, de nué — sire… sire… que faites-vous ? — qui gardait dans ses plis secrets le dessin d’un cœur, et