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Page:D’Esparbès - Le Roi (1910).djvu/343

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LE ROI

— Au moins, rit le Gascon, ceci est de la guerre miton mitaine qui ne fait ni bien ni trop de mal.

Une suite d’heureuses manœuvres le rendit maître de tout le cours de la Seine ; la nourriture n’afflua plus par eau, et l’appétit de la cité en quelques semaines épuisa l’Île-de-France. Dès les premiers jours de mai, ce fut la disette.

Aucun habitant n’ignorait que ce malheur était dù à la politique, et non à la différence de religion comme on le voulait faire croire aux gens simples. Le bien public fut l’ensorcellement, l’intérêt la cause. Un vrai roi attendait aux portes, on ne pensa point à les lui ouvrir. Les Parisiens eussent été heureux d’être assiégés, une fois assiégés d’être saisis ; au lieu de cette salutaire violence, ils brûlèrent jusqu’à la mort au petit feu. Abusant du roi, ses capitaines rebroussaient en se cachant les mesures qu’ils prenaient au jour, réduisaient les bonnes dispositions, fournissaient des aliments à la ville au lieu de l’en priver pour la vaincre, et commerçaient « sur les sauvegardes et les approvisionnements clandestins ». Le mal que l’on soigne est moins grave, Paris consolé par ces apparences résista longtemps. Givry lui-même, héros corrompu, fit entrer chaque soir des vivres dans la capitale par Charenton et Conflans, et permit aux assiégés d’attendre le secours du prince de Parme. Le 9 juillet 1591, Henri prit Saint-Denis, puis Dammartin. Un renfort, la double poussée du Centre et du Midi portant son armée à vingt-cinq mille hommes, il attaqua le 27 juillet