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Page:D’Esparbès - Le Roi (1910).djvu/347

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LE ROI

comber ? Paris ! Paris ! qui te rendra le bon sens ?

— Courage, sire, dit Rosny, les Parisiens sont à bout. Point de faute, s’il vous plaît, il est plus facile de médiciner que de curer ; une fois les maîtres, nous raccommoderons. Ensorcelés par les moines prêcheurs, corrompus par l’appât de l’or espagnol et les espérances des princes qui ne veulent les rendre faibles que pour mieux les rouler à bas, ces malheureuses gens n’y voient goutte, mais ils se reprendront. Ce jour-là, sire, vous verrez les traîtres au bagage.

— Mais ces morts !

— Ce seront les derniers. (Rosny, ardent, tenait tête au roi) Si vous abandonnez la lutte, le roi d’Espagne prend la Navarre et le Béarn et aussi quelques bonnes villes de Champagne et de Picardie. L’argent d’Espague aide Mayenne qui s’en sert pour ameuter Paris contre vous ; Mayenne est l’allié de Parme.

— Mais ces morts !

— Et les vivants ! dit à son tour d’Aubigné, Rosny a raison, sire ; le roi espagnol trouve que la France engagée entre sa nation et les Pays-Bas est un beau morceau à saisir. Le malheur pousse la victoire aux épaules, persistez.

— Mais ces morts ! mais tous ces cadavres ! répétait le roi.

C’était son idée fixe. Blême, il regardait avec rage la ville entêtée. L’air vert qui s’en exhalait fluait par sa gorge, empestait son haleine. Paris souffrait dans son cœur ; et tous les bruits en-