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Page:D’Esparbès - Le Roi (1910).djvu/356

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LE ROI

Gascon est un homme d’une seule flèche, brave comme un jour de Pâques, le vrai rejeton de la noble tige de saint Louis ! Vous n’avez idée de ce roi que d’après ses actes : c’est bien, car un fait juge l’homme. Considérez ses batailles, toutes sont des victoires ! (La face inconnue blanchissait dans l’ombre) Quelqu’un de son armée dirait-il qu’il ait vu le chef en sommeil ? Toujours en selle, en pensée, en devis, en carabinades. Jamais las, raide comme une lance, la main toute droite, la bouche ronde et les pieds chauds. Qu’a-t-il fait de la Ligue ? des éclats de coques de noix. Malgré ces vertus, qu’a-t-il récolté ? Rien. Pourquoi ? À cause de l’entêtement de Paris. (Le laquais, âpre, se moqua) Paris veut Mayenne, Mayenne conquistador, le victorieux général qui ne prit de sa vie que le donjon de Fronsac et une jeune dame qui était dedans, Mayenne, toujours Mayenne, Mayenne saoul de manger la France et de la voir s’entretuer pour le faire vivre à son aise. Aussi, le roi se lasse. À la fin, le voilà qui souffle. Buté, il regrette son temps perdu, ses plaies, ses veilles, ses soucis ; il bafoue son cœur, il se dit qu’un peu plus cruel il eût eu le trône de France. Paris qui l’éloigne rejette son effort cependant, messieurs, entre la bouche du roi et sa cuiller, que d’encombres de toutes sortes, assauts, rancœurs et vents de bise ! Par-dessus toutes, une peine s’est venue mêler à tant d’autres, et c’est d’être d’une religion différente ; mais nous savons au camp qu’il a fait porter parole au Saint-Père de son