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Page:D’Esparbès - Le Roi (1910).djvu/363

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LE ROI

nuant la guerre, une si louable détermination, je propose une trêve de trois mois, malgré que cette trêve suspende mes avantages et soit fâcheuse à mon but. (Il jeta le grain) Le peuple, pendant ce temps, recueillera le blé des campagnes.


La Ligue, étonnée, refusa la trêve ; mais le Parlement fit transcrire la déclaration du roi qu’il répandit dans le public. L’honnêteté du Gascon émut les faubourgs.

— Qu’on laisse entrer le Béarnais ! cria le peuple. Puisqu’il est converti, qu’attend-on ? Qu’il vienne ! Vive Henri !

La conférence de Suresnes, transportée boulevard Saint-Martin, activait l’œuvre de l’élection. Autre danger : les Espagnols qui avaient acheté le quart de la France et le Légat n’attendaient qu’un signe pour s’emparer des frontières. Feria, Taxis et Mendose, pour la troisième fois, déclarèrent « que si on voulait élire l’infante, Philippe II nommerait un seigneur français, parmi ceux de la maison de Lorraine, qui épouserait sa fille pour partager le trône avec droits égaux. Un mois après l’élection, ajoutaient-ils, il y aura une armée sur la frontière, deux mois après un second corps de troupes, de l’argent et de beaux honneurs pour les chefs. »

La main princière, le double trésor des Indes, une telle couronne alarmèrent Rosny et d’Aubigné, mais ne purent émouvoir le Parlement parisien.

— Ce serait la France espagnole, dit-il.