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Page:D’Esparbès - Le Roi (1910).djvu/375

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LE ROI

vaises herbes ses brancards meurtris et maudissait le ciel injuste. Devant cette vision désolée, le roi recula.

— Garde à vous ! cria-t-il soudain.

Une idée affluait en lui. Appelant les tambours d’un geste, il les bouscula près de la charrue.

— Aux champs !

Trente tambourins battirent la sonnerie glorieuse ; leur coquerico, comme un chant de paix, s’envola dans l’espace pur, et le soleil enfin déchira les ombres. « Soldats ! clama le Gascon après tant d’épreuves supportées par vous sans murmures, vos capitaines racontent qu’au moment d’entrer dans Paris à la suite de votre chef les opinions vous divisent, et que vous cherchez à connaitre quels merveilleux projets j’apporte sur ce trône que vous mîtes vingt ans de peines à me conquérir. À cela, je répondrai du collier que nos grandes batailles sont finies, que le sang a coulé assez, que la terre en a plein son ventre, et que dessus ce vilain engrais d’autres moissons qu’os de morts demandent à fleurir. (Il baissa sa mante enflée d’air) Mars venteux annonce un bon Mai ; toutefois, pour que germe un bien sur le mal de France, j’ai besoin encore de braves gens, non de ce courage militaire qui détruit au lieu d’entreprendre, mais de la valeur pacifiée. Le premier des soins de mon règne ira vers vous tous qui m’avez servi sans espoir. Au lieu d’armes, je vous octroierai