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Page:D’Esparbès - Le Roi (1910).djvu/389

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LE GRAND

roi, pauvre comme son peuple, « en pourpoint troué aux coudes, assis devant une marmite renversée », tandis que l’ancien Rosny, le nouveau ministre Sully compte sur ses doigts la note du ménage français, car la dette de l’État monte à un milliard. — Tous deux, plus loin, se tournent vers l’Assemblée des Notables ; ils font voir leurs chiffres, et les conseillers signent la note pendant qu’on emporte en terre le spectre de la dilapidation « dame Grivelée ». — La tapisserie se couvre sans cesse : Amiens capturé ressaisi ; les Espagnols défilent devant les Français rangés en bataille, et la Ligue Bretonne se soumet au roi. — Les apparitions se succèdent : du tamis des trames s’envolent des figures ailées, la Tolérance et la Raison, vierges graves qui sourient au roi, mais qui semblent tout étonnées de leur venue en un siècle où un homme seul les comprend : c’est l’Édit de Nantes, la paix religieuse ; et tout à côté, réduisant l’Espagne aux pieds du roi de France, c’est le contrat de Vervins, la paix civile.

S’arrêtera-t-on là ? Les Tisseuses, sur ces hauts faits, vont-elles reposer leurs mains inlassables ? Tout ce que projette de lumière le code de l’Édit de Nantes a dù épuiser l’argent et l’azur, et les écheveaux vont manquer. Au contraire, les mains des Voyantes se précipitent, car le ton vermeil du modèle, l’aube montante de la patrie transfigurée veulent à présent des couleurs plus jeunes, et c’est dans une fièvre que les navettes bondissent ! Les peignes qui leur servent à tasser l’ouvrage font