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Page:D’Esparbès - Le Roi (1910).djvu/41

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L’ENFANT

pellier, de Toulouse, et des filles de Dax, plus éventées, hardies, en chaperons nouveaux surmontés de la corne judaïque et infernale, de quoi, sans baisser un cil, répondaient aux gens étonnés que c’était un piège à pincer les fous. D’Albret leur montra de loin la paysanne.

— Approchez, gracieuses. Elles firent un rond. Le vieillard, un instant, observa ces belles figures, et se résignant, lui qui n’avait parlé qu’en combats, au dernier discours de cette bienvenue féminine, il commença, gravement enjoué, comme ceci :

— Entre toutes les fortunes, Damettes, dont me combla le Seigneur, celle de nous avoir donné cet enfant est sans contredit la plus merveilleuse. Le voici déjà aux mamelles, vif comme un saupiquet, montrant par là qu’il aimera le vivre et le rire ainsi soit fait. Mais il lui faudra bientôt, outre la pâtée, des exemples. Or, pour cela, ici vous êtes. Je vous ai dérobées à vos maisons closes, aux boutiques et cabinets de vos honorables pères maîtres et ouvriers des grands corps marchands, non pour discourir comptes de drapiers, pelletiers, orfèvres, découpeurs et autres, ni apporter en ma maison les plus hauts soucis de quelques familles dont certaines ont charge de robe, mais pour entourer l’enfant, chef d’un royaume présumé, d’une compagnie honnête et agréable ensemble, bonne, belle à voir, et par-dessus tout laborieuse, car le courage seul est la vraie décoration d’un visage.