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Page:D. - Mémoires d’une danseuse russe, 1893.djvu/140

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porta les doigts. L’expérience fut concluante. Elle trouva les bords tout frais, mal essuyés après un lavage hâtif, nécessité par un mélange de pleurs. Une simple éclosion, comme celle qu’elle constate parfois chez certaines fouettées qui lui reviennent de chez son fils, les lèvres froissées par les gifles reçues, n’aurait pas nécessité un pareil lavage. Elle avait donc dû se dépêcher, pressée qu’elle était de venir passer l’inspection obligatoire.

Cette fille qui n’était pas venue directement chez sa maîtresse avait donc dû passer ailleurs. Elle savait que son fils malmenait toutes les porteuses de billet qu’elle lui envoyait. Il avait traité celle-ci avec une indulgence significative. Elle s’en doutait bien un peu, mais elle ne savait pas au juste. Alors elle avait tenté une expérience qui avait réussi.

— Baisse tes jupes, ma fille, j’ai vu ce que je voulais voir.

Mina comprit. Elle s’attendait tous les jours à un châtiment exemplaire et à la rupture le leurs relations. Il n’en fut rien. La boïarine ne fit jamais une allusion