Aller au contenu

Page:D. - Mémoires d’une danseuse russe, 1893.djvu/384

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 18 —

le théâtre. Les caleçons avaient été supprimés par les Grands Ducs, d’abord parce qu’ils protégeaient les fesses à l’inspection qu’on passait avant le départ pour le théâtre, puis pour que les spectateurs pussent apprécier la dimension exacte des postérieurs sous la soie nue collante. L’hiver, la salle de répétition était chauffée, mais l’été comme l’hiver, on arrivait avec des peignoirs qu’on laissait au vestiaire.

Cette absence de toute enveloppe de nos fesses et de nos cuisses avait une raison. C’était d’abord pour que le régal des yeux, braqués sur ces maillots de chair fraîche, fut complet, et puis c’était aussi pour que la correction, qui était immédiate, fut plus sensible sur la peau nue, que rien ne défendait contre la rigueur des cordes et des lanières de cuir, qu’on employait pour ne pas détériorer le satin qui recouvrait ces parages.

Ces parages avaient en effet un double emploi. Ils étaient destinés à se trémousser en scène, et… ailleurs. C’était d’ailleurs ce second emploi qui préservait nos fesses d’un trop grand dommage, et on ne se ser-