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paraît-il, de forts galants serviteurs. Les hauts dignitaires de la cour étaient presque tous de vieux barbons d’un âge qui ne leur permettait la récidive, qu’après une insistance prolongée de la patiente sur leur bijou en détresse après une seule expérience.

Le soir vers sept heures, après une légère collation, on conduisait les danseuses au théâtre, dans des voitures fermées comme les voitures cellulaires. Mais avant de les embarquer, la directrice et le maître de ballet leur faisaient passer l’inspection. Comme on me menait au théâtre j’assistai à cette revue.

Le maître de ballet et la directrice se partagèrent la corvée. Ils tenaient à la main, lui une baguette souple et flexible, elle une cravache d’amazone. Ces deux instruments de correction devaient joliment cingler la peau mal défendue par la fine enveloppe collante qui la couvrait.

Les danseuses, quand ils passaient derrière elles, devaient se tenir penchées en avant. Les deux scrutateurs palpaient les