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Page:D. - Mémoires d’une danseuse russe, 1893.djvu/88

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C’était pendant la toilette que la lectrice exerçait ses fonctions. Elle aussi était revêtue d’un peplum fait comme les nôtres. La pauvre fille était corrigée plus souvent qu’à son tour. La maîtresse semblait vouloir se rattraper du prix qu’elle l’avait louée. Cependant elle ne lui abîmait pas trop les fesses pour qu’elle pût continuer son service.

Elle devait lire à genoux sur un tabouret à la portée de la pantoufle de sa maîtresse, qui voltigeait de la joue à la gorge, que Véra, c’était le nom de la lectrice, avait fort belle, c’était une gorge de vingt-deux ans dans tout l’éclat de sa forme. Aussi la lecture était souvent interrompue par les sanglots qui sortaient de son gosier, et par les larmes qui coulaient de ses yeux.

Pour vous donner un échantillon des lubies de sa maîtresse, je veux vous la montrer un jour qu’elle avait ses nerfs, elle fut d’une injustice révoltante envers la pauvre fille à ses gages.

— Véra, tu bredouilles, je n’entends pas un mot de ce que tu me lis.