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Page:Dabit - L'hotel du nord, 1929.djvu/127

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un semblant de correction. Puis elle continuait à bavarder avec Louise.

— Tiens, vous mangez des salsifis ? J’en ai fait la semaine dernière. Quand on vit comme moi dans la pharmacie, ça ravigote. Seulement, voilà, quelle barbe à éplucher.

Enfin, engoncé dans ses vêtements de camionneur, Latouche entrait.

« Je vous attends depuis une heure, glapissait Mme Fouassin. J’en suis à mon deuxième jus. N’est-ce pas, patron ? »

Latouche quittait en soufflant son paletot de cuir, s’asseyait à côté d’elle et prenait Kiki sur ses genoux. Les coudes sur la table, donnant de temps à autre une tape à Colette qui jappait d’impatience, Mme Fouassin écoutait religieusement parler le camionneur et le mangeait des yeux.

Latouche lui confiait les difficultés de son métier, s’arrêtant entre deux phrases pour boire une gorgée de café et passer sa main sur sa grosse moustache humide.

Un beau jour, il déclara :

— J’en ai assez, tout me retombe sur le dos. J’ai bien le père André comme secrétaire, mais qu’est-ce que vous voulez qu’il fasse ? Il est trop vieux. Tenez… il me faudrait quel-