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Page:Dabit - L'hotel du nord, 1929.djvu/132

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« Natole, expliquait Ramillon, en montrant son poing, il « les » a grosses comme ça ! »

Louise riait. « D’honnêtes gens, se disait-elle, s’ils ne se saoulaient pas. » Elle était indulgente pour le merlan et la merlande qui lui avaient donné un chien de garde : Badour, un bâtard de fox-terrier.

Le lundi, Ramillon prenait son congé hebdomadaire. Suivi de sa femme, il courait les bistrots qui, ce jour-là, régalaient selon l’usage. On les voyait passer de la « Chope des Singes » au « Bon Coin », du café de la « Capitale » à l’Hôtel du Nord. Ils y échouaient, les vêtements en désordre, le visage congestionné et suant l’alcool.

— Patron, regardez ma bourgeoise ! hurlait le merlan. Elle est saoule.

— Je suis saoule ? ripostait la merlande. Vous m’avez déjà vue saoule, patron ? C’est ce cochon-là qui est saoul.

Les Ramillon se battaient souvent. Le merlan avait toujours le dessus.

Un soir, à l’heure de la manille, la merlande arriva chez Lecouvreur. Elle avait les yeux hagards, l’air d’une folle. Elle ouvrit son vieux manteau que maintenait fermé une