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Page:Dabit - L'hotel du nord, 1929.djvu/137

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Un client qui entrait, rigola. « Renée, vous entendez des voix ! »

Elle se raidit et se leva. Louise s’approchait, cherchait à la consoler. Mais, sans prononcer une parole, elle monta dans sa chambre et s’habilla pour aller à la gare prendre le premier train…

Le soir du deuxième jour, les Lecouvreur la virent revenir. Elle était méconnaissable, et répondait à peine, en bégayant. Elle voulait regagner sa chambre, être seule.

Louise l’entraîna dans l’arrière-boutique et put lui arracher quelques mots. Pierrot avait été emporté par des coliques, en quarante-huit heures. Les voisines disaient qu’on ne l’avait pas « pris » à temps.

Elle rapportait, soigneusement empaqueté dans sa valise, le linge de l’enfant. Elle étendit sur son lit le bonnet, les rubans, les brassières ; elle les contempla rêveusement, s’en frôla le visage et les couvrit de baisers. Il y avait encore de la vie dans ces petites choses, un relent, une douce chaleur.

Elle releva la tête : des souvenirs défilaient. Trimault, le petit… Et maintenant, plus rien ; autour d’elle cette chambre étouffante, une solitude sans issue. Elle laissa