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Page:Dabit - L'hotel du nord, 1929.djvu/151

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— Ah bon ! Je dirai à la mère à quoi tu passes ton temps… Va faire la vaisselle.

Paul revient sournoisement à la fenêtre. Des questions lui brûlent les lèvres, il regarde son frère avec des yeux brillants.

— Tu voudrais la voir en liquette, hein ? demande Gabriel. Il se rengorge. « Je la connais, Raymonde. »

— Moi aussi.

— Tu sais pas ce que tu dis. Sers-moi à boire, morveux !

Paul met le couvert ; Gabriel boit, à cheval sur une chaise, le corps tassé, l’air abruti. Un pas lourd se fait entendre, la porte s’ouvre. Jovial, titubant, un fouet à la main, entre le père Chardonnereau.

— Bonsoir papa, dit Paul.

Chardonnereau l’écarte. « Verse-moi du rouge. » Il s’assied, passe la main sur ses moustaches mouillées, ôte sa veste qui sent l’écurie.

— On casse la croûte ?

Tout à coup, retentit la voix autoritaire de la mère Chardonnereau, Gabriel va ouvrir. Chardonnereau se lève. « On t’attendait, Margot. » Un grognement lui répond. La mère Chardonnereau se débarrasse de son manteau.