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Page:Dabit - L'hotel du nord, 1929.djvu/185

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si vous voulez connaître la capitale. Allez aux Buttes-Chaumont avec Badour. »

Mais Lucie, les bras ramenés sur la poitrine, ne bougeait pas de sa chaise.

— Quand on débarque à Paris, continuait Louise, les premiers temps, on fatigue. Puis ça passe. Regardez, moi, je n’arrête jamais !

— Oh ! vous, vous êtes une vieille Parisienne…

Un client arrivait. Lucie regagnait sa chambre. La journée passait vite ; quand Mimar rentrait, il n’avait qu’à s’attabler devant la soupe fumante et Lucie s’amusait de son appétit.

Chaque samedi, Mimar descendait faire sa manille. Lucie, à ses côtés, sur la banquette, le regardait jouer sans rien comprendre. Mais elle battait des mains lorsqu’il gagnait. Elle buvait une gorgée au verre de son mari et souriait malicieusement.

Le dimanche, Mimar faisait la grasse matinée. Ce jour-là, l’hôtel avait une physionomie particulière. Jusqu’à neuf heures, les couloirs étaient silencieux. Lucie partait au marché avec ses voisines. Quand elle rentrait, elle trouvait Mimar en train de se raser. Elle lui faisait la surprise d’un bon déjeuner.