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Page:Dabit - L'hotel du nord, 1929.djvu/187

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du bien. Elle ajouta tout à coup : « Je m’ennuie. »

— Une lubie ! fit-il, bourru. Qu’est-ce que t’as ?

Il la regarda. Elle avait les yeux cornés, les lèvres pâles ; depuis le début de l’hiver, elle toussait. « Le changement d’air, » se dit-il. Il l’embrassa. « Allons, ma petite, c’est convenu : au printemps, nous irons nous balader. »

Lucie trouva un logement vacant, « chambre et cuisine », rue des Écluses-Saint-Martin. Avec ses économies, elle acheta des meubles, un lit de milieu, une armoire, des chaises ; elle coupa des étoffes, plissa des rideaux, se démena jusqu’au soir où les copains vinrent pendre la crémaillère.

La chambre donnait sur de grands murs tristes ; jour et nuit une odeur de vaisselle empoisonnait la courette. De sa fenêtre, Lucie voyait des cheminées, un coin de ciel couleur de suie ; malgré son bonheur d’être « dans ses meubles », elle se rappelait la belle vue qu’on avait à l’Hôtel du Nord. La bonne humeur de Louise lui manquait. Son installation était terminée et maintenant les journées lui semblaient épuisantes et vides.