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Page:Dabit - L'hotel du nord, 1929.djvu/193

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recolla l’enveloppe tant bien que mal. Carlo, c’était ce grand flandrin d’étranger, un Italien ? qui demandait sans cesse à monter chez Bénitaud.

Avant de confier ses craintes à son mari, Louise décida une visite dans la chambre de son locataire. Il gardait toujours sa clef, ce qui n’était pas bon signe, mais elle avait un passe-partout.

Le cœur lui battit lorsqu’elle entra chez Bénitaud. Quai de Jemmapes, on ne parlait plus que de l’homme-coupé-en-morceaux, un inconnu dont on avait repêché les membres dans le canal.

Elle fut surprise de l’ordre qui régnait partout : le lit fait, les chaises à leur place ; la table était chargée de livres, des photographies étaient épinglées au mur. Elle lut des noms : Lénine, Jaurès. Elle se pencha sur la table, ouvrit un bouquin au hasard : Le Capital. Elle fit la moue et fouilla dans les papiers : des brochures socialistes, des numéros de l’Humanité, de l’Avant-Garde.

« J’y suis, c’est un meneur ! » Elle haussa les épaules. « J’aurais du deviner ça. »

Elle s’expliquait les déplacements de Bénitaud, ses fréquentations, les nombreuses