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Page:Dabit - L'hotel du nord, 1929.djvu/198

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les volets. La bagarre éclata. Louise courut se cacher au fond de sa cuisine. Un gros caillou frappa la devanture et des éclats de verre tombèrent dans la boutique. Lecouvreur, hors de lui, ouvrait déjà la porte, mais Pluche l’attrapa par le bras. « Vous allez vous faire casser la gueule, nom de… »

Un bruit de galopade couvrit sa voix. Il y eut des hurlements et le claquement sec de quelques coups de revolvers. Puis le silence… Les clients de l’hôtel se risquèrent dehors : les gardes à cheval restaient maîtres du terrain.

Louise sortit de sa cachette. « C’est du beau, leur premier Mai, » dit-elle, d’une voix tremblante d’effroi et de colère. « Faudrait coffrer tous les meneurs. » Et, tournée vers les clients : « Votre Bénitaud en tête ! »

Mais personne ne lui répondit. Elle alla prendre son balai, puis, tout en marmottant, ramassa les morceaux de verre.

… Des patrouilles parcouraient le quai.

À la terrasse, Pluche et ses amis discutaient devant leur apéritif. Vers la tombée de la nuit, Bénitaud, coiffé de travers, un œil poché, la mine hagarde, arriva en coup de vent.