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Page:Dabit - L'hotel du nord, 1929.djvu/243

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pêcher au canal et il rapportait des nouvelles du quai de Jemmapes.

— Viens avec moi, Louise, proposa-t-il un après-midi. Tu verras quels travaux ils ont fait là-bas depuis notre départ.

Elle regarda la fenêtre qu’éclairait faiblement le soleil d’hiver. « Je veux bien. » Et, s’enveloppant les épaules d’un fichu, elle le suivit.

— Le « Cuir Moderne » construit des bureaux fantastiques, tu sais… commença Lecouvreur.

— Fiche-moi la paix avec ces gens-là.

Ils arrivèrent au coin de la rue de la Grange-aux-Belles. Lecouvreur entraîna sa femme vers le canal et ils entrèrent dans le square qu’attristaient les arbres défeuillés. On agrandissait l’écluse. Alentour, le sol était détrempé : des camions s’embourbaient et les conducteurs, en jurant, descendaient de leur siège.

— Je ne reste pas là, déclara Louise.

Ils s’assirent plus loin, bien à l’écart, sur un banc. Devant eux s’étendaient les chantiers du « Cuir Moderne », un enchevêtrement de charpentes en fer, des amas de briques, moellons, pierre de taille ; deux grues