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Page:Dabit - L'hotel du nord, 1929.djvu/37

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Renée écoutait ; le bonheur empourprait ses joues. Un sentiment d’orgueil, de sécurité, jusqu’alors inconnu, l’envahissait.

Elle remonta travailler et la journée s’écoula vite. À 6 heures, elle gagna sa chambre. Elle mit sa belle robe, s’accouda à la fenêtre et attendit Trimault.

Il lui semblait qu’elle avait soulevé des tas de matelas, balayé des kilomètres de plancher. Des numéros dansaient dans sa tête, elle était encore toute surprise de la variété des chambres qu’elle avait visitées. Elle trouvait sa besogne plus douce que celle de la ferme. Là-bas, lorsque le soir venait, elle n’avait rien à espérer, qu’un silence engourdissant, et il lui eût fallu parcourir plusieurs kilomètres pour aller à un bal. Au contraire, quai de Jemmapes, les réverbères s’allumaient et mêlaient leur éclat à celui des devantures ; des hommes rentraient du travail en fredonnant ; on entendait crier, en bas, dans la boutique.

Une fièvre brûlait Renée. Elle voyait se dérouler ses projets d’avenir. Pierre l’épouserait… Que fait-il, murmura-t-elle. Il avait dû s’attarder au café et il arriverait en grognant d’avoir dépensé ses sous. Mais