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Page:Dabit - L'hotel du nord, 1929.djvu/47

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vêtements raidis par le froid, puis il passe une serviette humide sur son visage fripé de sommeil.

Il n’a pas fini d’attacher ses bretelles que déjà il prépare le café. Il apporte à la toilette du « perco » tous les soins qu’il marchande à la sienne. Et je te frotte, et je t’astique ! Voilà qui fait reprendre conscience et donne goût à la vie. Le « perco » rayonne comme un phare. Dans ses flancs, l’eau bouillonne, une vapeur embaumée s’en échappe. Tout est prêt. Les locataires partiront au travail avec un bon « jus » dans le ventre.

Il est temps d’ouvrir la boutique. Voici paraître le père Louis, un ouvrier maçon ratatiné et goîtreux. Que le ciel soit pur ou chargé, l’aube sereine ou venteuse, il se campe sur le seuil du débit en attendant son café-rhum et regarde longuement l’horizon :

— Je crois que pour aujourd’hui, ce sera du beau temps !

— Ah ! tant mieux, répond Lecouvreur, on en a soupé de l’hiver.

Une lumière terreuse éclaire la boutique. Maintenant, les clients arrivent à la file. Tous pressés, ils avalent debout le café brûlant.

— Ce que ça chauffe, patron, votre machin.