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Page:Dabit - L'hotel du nord, 1929.djvu/67

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Louise s’approcha. Elle avait les gestes simples et compréhensifs d’une mère. Mais Renée eut un mouvement de recul. Son tablier se dénoua. Alors, pour la première fois, Louise remarqua la taille informe de sa bonne. Leurs regards se croisèrent. Renée baissa les yeux.

Après un court silence, Louise murmura :

— Pourquoi vous cacher de moi ? Ne craignez rien, je vous garderai ici. Et d’une voix affectueuse : N’ayez pas honte, ma petite, ces histoires-là arrivent… Je pense que Trimault va vous épouser ?

Renée secoua la tête. Il s’agissait bien de mariage ! Pierre ne l’aimait plus. Et pourtant, que n’avait-elle pas imaginé pour le séduire ! Chaque soir, comme il était dégoûté du restaurant, elle lui faisait des chatteries. Une fine gueule, son Pierre ! D’autres fois, elle lui offrait du vin chaud avec du citron ou bien elle descendait dans la boutique acheter du rhum pour lui préparer un grog. Il aimait prendre une « bonne cuite » l’hiver, avant de se coucher.

Elle l’avait rendu exigeant et difficile. La vie à deux use le cœur d’un homme. Pierre ne lui parlait plus jamais d’amour. Le di-