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Page:Darien, Bas les coeurs, Albert Savine éditeur, 1889.djvu/112

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leurs !… Allons, allons, vous allez vous trouver sur pied tout d’un coup, un de ces jours…

― Vous voyez les choses un peu en rose, Pierre, répond ma tante en tendant la main à son frère ; mais il me semble, depuis que ces enfants sont entrés, que je vais un peu mieux.

Elle nous invite à dîner. Mon grand-père, pendant le repas, trouve moyen de faire preuve d’un amabilité surprenante. Sa figure de vieux renard s’adoucit prodigieusement, ses lèvres pincées s’épaississent, l’éclat cruel de ses yeux se voile de bonté. On lui donnerait le bon Dieu sans confession. Il m’étonne beaucoup.

La vieille tante, avant de nous laisser partir, fait cadeau à Louise d’une belle paire de boucles d’oreilles enfermée dans un écrin bleu. À moi, elle donne deux louis, deux beaux louis d’or.

― Si j’avais des livres, mon cher enfant, je t’en aurais donné, mais je n’en ai pas : je m’attendais si peu à votre visite. Tu t’en achèteras avec.

Oui. Mais, en attendant, je vais faire un tour sur les chevaux de bois qui tournent, sur la place du village, au son d’un orgue de Barbarie qui joue le Chant du Départ. Ils vont