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Page:Darien, Bas les coeurs, Albert Savine éditeur, 1889.djvu/114

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trouve, dans le verger, causant avec mon père sous un pommier. Une discussion d’intérêt, sans doute. J’écoute sans en avoir l’air ; mais leur conversation touche à sa fin ; je ne puis arriver à savoir de quoi il est question.

J’examine la physionomie du bonhomme. Quelle drôle de tête ! Oh ! il n’est pas franc du collier, pour sûr. Deux petits yeux de cochon, en vrille, pétillant sous des sourcils en forme d’accent circonflexe ; une bouche toute petite, rentrés aux coins, sans lèvres : une fente à peine perceptible dans la face glabre, couleur de brique ; une mâchoire forte, carrée, qui avance et qui a l’air de vouloir se démantibuler quand il mange ; un nez pointu, fouineur, aux ailes mobiles, qui fait presque carnaval avec le menton ; une ride toute droite, couleur de sang, en travers du front, et, au cou, deux gros plis, pareils à des plis de soufflet de forge.

Il a le ton aigre, dur, cassant, en parlant à mon père qu’il ne désire pas froisser cependant, car en même temps il a des gestes qui veulent être bienveillants. Et, entre deux phrases cruelles que j’entends au passage : « Les affaires sont les affaires ; je ne me mets