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Page:Darien, Bas les coeurs, Albert Savine éditeur, 1889.djvu/150

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rencontré Mme Pion. Elle m’a demandé si mon père était toujours aussi toqué. Je lui ai répondu, pour ne pas me compromettre, que je n’en savais rien. Là-dessus, nous avons causé et, comme elle revenait du marché, elle m’a offert, avant de me quitter, une belle grappe de raisin.

― Mais, madame, je vous remercie.

― Prends donc, bêta. Vas-tu faire des manières, toi aussi ?

― Mais c’est que je n’ai pas encore dîné.

― Eh bien ! tu mangeras ton raisin au dessert.

Je rentre à la maison, ma grappe à la main.

― Sapristi ! me dit Louise. Tu as là un beau raisin. Où as-tu pris ça ?

― On me l’a donné.

― Qui ça ?

Mme Pion.

― Tu dis ?…

Mme Pion.

― Ah ! ! !

Louise se précipite dans le jardin où mon père fume sa pipe en prenant son vermouth. Une minute après, j’entends la voix paternelle. Je manque de m’étrangler avec un grain très gros que je viens d’avaler.