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Page:Darien, Bas les coeurs, Albert Savine éditeur, 1889.djvu/179

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― Écoutez, mon cher enfant, je voudrais bien vous reconduire jusque chez vous, mais… je crains… une personne seule attire moins l’attention… Prenez bien garde… Au revoir… De la prudence !…

Et il part, se dissimulant le long des murailles.

Je rentre à la maison tranquillement, sans voir l’ombre d’un Prussien. Mon père m’ouvre la porte.

― D’où viens-tu ? Nous t’attendons depuis deux heures…

Je vois venir une réprimande ― autre chose peut-être. ― Je me tire de ce mauvais pas en donnant des renseignements, beaucoup de renseignements. Je parle pendant une heure au moins. Je raconte tout ce que j’ai vu ― même un peu plus. ― Lorsque je déclare que j’ai vu des prisonniers français, Catherine pleure à chaudes larmes. Ma sœur s’étonne d’apprendre que les Prussiens ont de la barbe et mon père s’indigne fortement lorsque je lui dis que les musiques allemandes jouaient la Marseillaise.

― C’est infâme ! Insulter les vaincus ! Les narguer ! Ah ! l’on reconnaît bien là l’esprit teuton !

Il insulte le roi de Prusse. Il injurie Bismarck. Il se monte. Je profite de sa colère