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Page:Darien, Bas les coeurs, Albert Savine éditeur, 1889.djvu/194

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— Non ; mais, depuis hier, nous en avons cinq à loger. Et ils mangent, vous savez ! L’argent file d’une drôle de façon. Il faudra même que monsieur m’en donne, si monsieur ne revient pas avec moi… Mais monsieur ferait mieux de revenir.

― Et au Pavillon ? demande ma sœur.

― Oh ! au Pavillon, ils sont toute une tripotée : quinze ou vingt, au moins ; c’est là que demeure le commandant.

― Ah ! mon Dieu s’écrie Louise. Cette pauvre tante Moreau ! Comme elle doit avoir peur !

― Après ça, dit Germaine, ils ne sont pas trop méchants. Il faut dire aussi que le maire Dubois les contient beaucoup. Tout le monde dans la commune trouve qu’il se conduit très bien.

― Une canaille comme ça ! murmure mon grand-père. Ah ! il a ses raisons, bien sûr, pour faire le bon apôtre ! Un Dubois ! en voilà un qui est fait pour pêcher en eau trouble comme les chiens pour mordre !

― Enfin, dit Germaine impatientée, je voudrais bien avoir une réponse de monsieur. Faut-il que je m’en retourne toute seule ? Moi, je me lave les mains de ce qui arrivera.

Mon grand-père réfléchit, le menton dans