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Page:Darien, Bas les coeurs, Albert Savine éditeur, 1889.djvu/199

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j’ai fait fi de son affection, je lui ai fait bien des méchancetés. Et, maintenant qu’elle n’est plus là, il me semble qu’un grand vide s’est fait en moi, qu’on m’a arraché quelque chose, que j’ai perdu quelqu’un qui m’aimait bien. Je suis triste comme tout.

J’ai des distractions, heureusement. Il m’est permis, maintenant, de sortir en ville. J’use et j’abuse de la permission. Je suis toujours dehors. Il y a tant de choses à voir !

Je connais tous les uniformes de l’armée allemande, infanterie, artillerie et cavalerie. Ils ne valent pas les uniformes français. Les Bavarois seuls ne représentent pas trop mal, avec leurs grands casques qui ressemblent à ceux des carabiniers ; malheureusement, ils sont sales, sales comme des cochons. Ils se mouchent avec le mouchoir du père Adam et essuient leurs doigts sur leurs pantalons et leurs tuniques. Moi aussi, quand j’étais petit, je me fourrais les doigts dans le nez, mais je les suçais après, au moins ; et puis, les Bavarois sont grands. Ils devraient être propres.

Les Prussiens sont bien moins dégoûtants, mais leurs casques à pointes les rendent ridicules. Quand ils sont en petite tenue, avec