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Page:Darien, Bas les coeurs, Albert Savine éditeur, 1889.djvu/23

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les rues ? On crie : « À Berlin ! à Berlin !… » Près de la gare, je vois un rassemblement. J’approche. Savez-vous ce que c’était ? Un médaillé de Sainte-Hélène, messieurs, qui pleurait à chaudes larmes au milieu de la foule… Il pleurait de joie, le brave homme ! Vrai, j’ai eu envie de l’embrasser.

Ah ! je comprends ça. Ça devait être beau. Mon enthousiasme augmente de minute en minute. Il est près de déborder. Je voudrais être assez grand pour crier : à Berlin ! dans la rue. Oh ! il faudra que je me paye ça un de ces jours.

Les idées guerrières tourbillonnent dans mon cerveau comme des papillons rouges enfermés dans une boîte. J’ai le sang à la tête, les oreilles qui tintent, il me semble percevoir le bruit du canon et des cymbales, de la fusillade et de la grosse caisse ; ce n’est que peu à peu que j’arrive à comprendre M. Pion qui donne des détails.

Ah ! les Prussiens peuvent venir. Nous les attendons. Nous sommes prêts : jamais le service de l’intendance n’a été organisé comme il l’est, nos arsenaux regorgent d’approvisionnements de tout genre ; nous pouvons armer