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Page:Darien, Bas les coeurs, Albert Savine éditeur, 1889.djvu/289

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comment ils sont. À qui voulez-vous que je parle ? À mon père ? Il ne m’écoute pas ou ne me répond pas. À ma sœur ? Elle se moque de moi.

Le vieux hausse les épaules.

― Eh bien ! tu me parleras, à moi. Et si tu manques de courage, je t’en donnerai.

― Oh ! vous, oui. Vous ne pensez pas comme eux, au moins. Il y a longtemps que je le sais. Et il y a longtemps, aussi, que j’aurais voulu vous causer, voulu être votre ami…

― Bah ! dit le père Merlin, qui cependant semble ému, je ne vaux pas mieux que les autres !

― Oh ! si. Et, d’abord, vous ne feriez pas ce que fait mon père, vous ne livreriez pas aux Allemands les choses dont ils ont besoin pour canonner Paris. Voyez-vous, quand j’ai appris ça, ce matin, ça m’a bouleversé. Il me semble que mon père est un brigand, un traître…

― Ton père est un bourgeois, mon ami… un bourgeois… voilà tout…

Et le vieux parcourt la pièce, de long en large, les mains derrière le dos.

― … Un bourgeois, parbleu !…