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Page:Darien, Bas les coeurs, Albert Savine éditeur, 1889.djvu/312

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et les planchers se sont effondrés en emplissant de décombres des salles où tremblotent des lambeaux de tapisserie, où l’on entrevoit des morceaux de bas-reliefs, des débris d’ornements. Les branches d’un lustre émergent d’un tas de plâtras. Une corniche énorme est tombée tout d’une pièce devant une porte dont les gonds en fer sont tordus. Des fenêtres ne sont plus que des ouvertures sans forme, dont la bordure de pierre, mangée par le feu, s’effrite ; et d’autres, intactes, ont conservé leurs barres d’appui et leurs persiennes qui claquent au vent. À un mur tendu de bleu, au dernier étage, un tableau est accroché dans son cadre d’or, au-dessus d’une cheminée qui branle.

Il y a des allées du parc qui sont pleines de tombes. Des tombes sans croix qui ont l’air de morceaux de bourrelets posés sur le gazon des tapis verts. De grands arbres coupés au pied se sont abattus avec leurs branches en mutilant des statues. Des retranchements sont élevés partout, des épaulements, des palissades, des chevaux de frise ; et, derrière les balustrades des terrasses, des rails de chemin de fer ont été entassés les uns sur les autres. Des