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Page:Darien, Bas les coeurs, Albert Savine éditeur, 1889.djvu/331

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Ma sœur, qui s’aperçoit de l’effet déplorable que produisent ces emportements sur les nerfs sensibles de Mme de Folbert et de son fils, essaye de calmer mon père. Elle n’y réussit pas pour longtemps.

― Ah ! si l’on disait ce qu’on sait ! Dire qu’il ne tiendrait qu’à moi de le faire fusiller !

Il répète ça, du matin au soir, au grand ennui des locataires qui commencent à se scandaliser. Rien ne peut le distraire de ses idées de vengeance, rien, ni l’achèvement de l’ambulance ― qu’on va démolir, car on s’est aperçu en haut lieu qu’elle ne pouvait rendre aucun service, ― ni la prise de Paris, le 22 mai, ni l’arrivée des bandes de prisonniers que l’on traîne à Versailles.

― Vous devriez pourtant bien aller les voir, Barbier, dit M. Legros. Je vous assure que ça en vaut la peine. Si vous saviez comme on les arrange ! Ah ! les canailles ! Et ils ne répliquent pas, je vous assure ! On les écharperait sur place, sans les soldats de l’escorte !


Moi, j’ai été les voir, une fois. Je suis arrivé au bout de la rue Saint-Pierre comme une colonne de ces malheureux passait sur