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Page:Darien, Bas les coeurs, Albert Savine éditeur, 1889.djvu/60

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ordre. Depuis longtemps, il n’a rien commandé. Le général Frossard a expliqué à son auguste élève toutes les guerres de l’Empire. Il promenait des soldats de plomb sur une carte d’Europe et le jeune Prince les renversait avec de petites boulettes de mie de pain lancées par de petits canons en bois.

« Quand le général Frossard voulut raconter la campagne de Waterloo et faire rétrograder l’armée française, le Prince Impérial se fâcha :

« ― Non !… Jamais !… s’écria-t-il avec un mouvement de colère. Et, malgré les instances de son précepteur, il disposa ses batteries et écrasa d’un coup l’armée anglaise, l’armée prussienne, Blücher et Wellington. »

― Ah ! c’est beau ! s’écrie M. Pion… c’est beau !… Et nous douterions de la victoire ! Allons donc !

Non, il n’y a pas à en douter. Mille fois non. Et si le soldat de la gare était ici… Par le fait, il avait l’air d’un imbécile ; une figure idiote ― quelque Bas-Breton ― un illettré.

Oui, un illettré ; ah ! s’il pouvait lire les journaux, comme moi…

Car je lis les journaux, tous les jours, sans