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Page:Darien-Descaves - Les Chapons.djvu/41

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dans les veines… Heureusement, les Prussiens avaient le dos tourné… Ils n’ont rien vu. Et mon apparition a arrêté le bras de cette malheureuse.

MADAME BARBIER.

Ah ! nous en mourrons ! Mais explique-moi…

BARBIER.

Voilà. Je sortais juste comme les trois hommes passaient sous la fenêtre de Catherine. L’un d’eux, le sous-officier, était même baissé pour cueillir une fleur. J’ai l’idée (il y a une Providence !), j’ai l’idée de lever les yeux… Qu’est-ce que je vois ? Catherine soulevant un des pots de fleurs qui sont sur sa croisée ! Mon regard l’a clouée… Mais dix secondes plus tard le Prussien était assommé.

MADAME BARBIER.

Ah ! le ciel nous abandonne, décidément !

BARBIER.

Gardez-donc des domestiques vingt-cinq ans !

MADAME BARBIER.

Que faire ?… Que faire ?

BARBIER.

C’est une bûche. Il faut renoncer à lui faire entendre raison. Autant parler à cette table. Si tu l’avais vue tout à l’heure, quand je m’adressais à son cœur : elle n’a pas bronché. « Oui, non » ; impossible de tirer d’elle autre chose. Elle a son idée ; elle n’en démordra pas. C’est un monstre de dissimulation. Elle abrégera notre existence de vingt ans !