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Page:Darien - L’Épaulette, Fasquelle, 1905.djvu/100

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Mais tout d’un coup, le 17 septembre, vers dix heures du matin, la nouvelle se répand dans la ville que quatre uhlans viennent d’arriver. Ils ont déclaré au maire que, pour trois heures de l’après-midi, les arbres qu’on a coupés et jetés en travers des routes devront être enlevés ; que les tranchées qu’on a creusées à travers les dites routes devront être comblées ; et que la ville doit se tenir prête à recevoir un corps d’armée tout entier. Immédiatement après le départ des uhlans, des centaines d’hommes munis de pelles et de pioches se sont hâtés d’aller remettre les chemins dans leur état normal ; et les tambours de ville se sont rendus de quartier en quartier pour lire une proclamation du maire qui exhorte les habitants au calme et les engage à recevoir leurs hôtes avec toute la dignité que comportent les circonstances.

— C’est à coups de fusil qu’il faut les recevoir ! s’est écrié M. Freeman devant la maison duquel un tambour venait de lire son papier. Il faut que la ville se hérisse de barricades. Aux armes !

Et il est sorti de sa maison, un fusil à la main. Aussitôt, la foule, qui s’était rassemblée autour du tambour, s’est ruée sur lui, et l’a accablé d’imprécations.

— En voilà un vieux fou ! Qu’est-ce qui lui prend ? Avez-vous l’intention de nous faire fusiller tous et de faire brûler la ville, dites donc ?

M. Curmont, qui faisait partie du rassemblement, s’est écrié :

— Il faut le désarmer ! Il va faire un malheur !

Alors, plusieurs hommes se sont précipités sur M. Freeman, l’ont frappé, lui ont arraché son fusil.

— Avez-vous vu un vieil enragé pareil ? Et il n’est pas Français encore ! Qu’il s’en retourne en Angleterre ! Tous las Anglais sont des traîtres et des espions !

— Oui ! s’est écrié M. Curmont. Depuis Waterloo, les Anglais s’entendent comme larrons en foire avec les Alle-