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Page:Darien - L’Épaulette, Fasquelle, 1905.djvu/115

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lent d’influences non militaires, etc. Ils déclarent avoir hâte d’en finir.

Les gens qui dirigent la France à présent n’ont point la même impatience. Le 31 octobre, ils s’opposent, à Paris, à une tentative du parti avancé qui voudrait, enfin, faire quelque chose. Le même jour, à Tours, ils décrètent la levée en masse. La levée en masse. Les pauvres diables, les pauvres hères, les Pauvres, forcés de prendre les armes. Les Riches, faisant des neuvaines pour la paix ; pour la guerre ; ou faisant des affaires ; avec les Français ; ou avec les Allemands. Les républicains de la République à N’a-qu’un-Œil, en des abris confortables, pondant des proclamations terrifiantes et prêchant la guerre à outrance.

Les Pauvres, cependant, vont se faire tuer. Ils ont des Mots à défendre : France, République, Honneur, Patrie. Vêtus de mauvaises blouses et de pantalons de toile, chaussés de souliers de carton, mal armés, affamés, conduits par des chefs incapables, qui se vengent sur leurs soldats de leurs continuelles défaites, ils vont se faire tuer. Et puis, c’est la neige, le froid terrible, la famine, encore la trahison. Et puis ce sont les marches imbéciles, les retraites imbéciles, les carnages imbéciles. Et puis — et puis ;

Le Midi bouge,
Tout est rouge.

Rouge de honte.



Dans la première semaine de novembre, nous avons reçu une lettre de Raubvogel, lettre qui a passé par la Belgique et par l’Allemagne, et qui nous apprend que mon père est très probablement en ce moment colonel