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Page:Darien - L’Épaulette, Fasquelle, 1905.djvu/277

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qu’a-t-il à me dire ? Pas grand’chose, sinon qu’il assiste au dîner de la promotion Crimée-Sébastopol, chez Narquerie, et qu’il me recommande de venir le retrouver au restaurant, à onze heures. En uniforme ? Non, en civil. Pourquoi faire ? Je verrai ; mais, comme il est six heures passées, il lui faut se hâter de se mettre en tenue. Alors, à ce soir ? À ce soir.



J’ai à peine eu le temps de pénétrer dans un petit salon qui précède la salle où se termine le bruyant banquet, que mon père vient me rejoindre.

— Jean, me dit-il à demi-voix en me prenant par la main et en m’attirant dans un coin, je compte absolument sur ta discrétion. Tu vas être mis au courant d’une combinaison politique de la plus haute importance et qui, j’espère, réussira. Nous nous sommes décidés à insister auprès du Président pour qu’il ne donne pas la démission qu’on lui réclame, et à lui offrir un excellent moyen de conserver le pouvoir. Un personnage de nos amis, ici présent, doit se rendre immédiatement à l’Élysée. Tu vas l’accompagner ; c’est entendu. Un plan magnifique, tu verras. Je suis sûr du succès. Et le succès, ça nous vaudra quelque chose. Pour mon compte, je deviens chef de la Maison militaire du Président. C’est de l’or en barre. Quant à toi, ton avenir… Mais pas de temps à perdre. Je vais chercher notre ami ; un moment…

Mon père disparaît, et revient deux minutes plus tard, accompagné du personnage dont il m’a parlé. C’est un homme d’une cinquantaine d’années, grand, sec, physionomie ouverte, traits accentués et légèrement fatigués. Mon père me présente, le Personnage me serre la main, et nous partons.

Nous montons dans un coupé de cercle qui attend