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Page:Darien - L’Épaulette, Fasquelle, 1905.djvu/297

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convaincu, X = le démembrement. C’est une affaire de temps, simplement.

Les propos du général sont d’une effroyable amertume. Je ne veux pas répéter ses sarcasmes et ses invectives contre des gens qui, à un titre ou à un autre, ont influencé ou influencent les destinées de leur pays et qui figureront dans l’histoire de France. Je dirai seulement qu’il les traite, avec preuves à l’appui, de malfaiteurs et de filous. Quant à nos institutions, civiles et militaires, il en fait des éloges pompeux ; affirmant qu’elles ne peuvent convenir qu’à un peuple de braves, assurant que c’est très beau d’avoir partout substitué la discussion à l’action et d’avoir rendu définitif le triomphe de l’anonymat. Il lui arrive de rompre de longs silences pour dire des choses comme celles-ci :

« Je suis petit-fils de chouan et j’aurais travaillé à l’avènement du peuple. Je lui aurais donné la guerre, la seule chose qui lui soit nécessaire. Je comprends que les temps de l’aristocratie sont finis, par sa faute, et je hais la bourgeoisie ; c’est une ordure. Pour que la nation se démocratise en réalité, il faut que l’armée se démocratise d’abord, qu’elle devienne l’Armée nationale. Et elle ne se démocratisera que par elle-même, à la gueule des canons ennemis. »

« Liberté, égalité, fraternité, compréhension mutuelle, sympathie universelle — toutes ces grandes idées qui pénètrent de plus en plus dans les esprits et imprègnent la raison humaine, ne mourront point dans les carnages d’une nouvelle grande guerre ; mais, au contraire, dépouilleront sous le feu leur forme idéale, utopique, et apparaîtront comme des nécessités simples et pratiques, comme d’indispensables vérités. »

« La guerre tue très peu de gens intelligents, même parmi les professionnels. C’est la paix, la cruelle paix d’aujourd’hui, qui saigne à blanc les êtres supérieurs. Je