Aller au contenu

Page:Darien - L’Épaulette, Fasquelle, 1905.djvu/345

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


XVII


Le 20 novembre 1890, je suis à Bruxelles. J’ai été envoyé en Belgique par le bureau des renseignements du ministère de la guerre. Ce bureau avait été avisé de la présence, dans la capitale brabançonne, de personnages suspects ; son agent secret, un certain Foutier, l’avait mis au courant des allées et venues de ces personnages, mais n’avait pu l’informer du caractère de leurs occupations ; les individus, vraisemblablement sujets britanniques, parlant anglais, et l’agent n’entendant pas cette langue. Le bureau des renseignements comprit la nécessité d’envoyer sur les lieux un officier parlant anglais et capable de se livrer au contre-espionnage avec intelligence. Cet officier n’existant pas au ministère, où l’on est trop patriotique pour connaître autre chose que les rudiments du français, il fut décidé qu’on le chercherait dans les corps de troupes. Mon père, immédiatement, me proposa ; il avait vu là, du premier coup, une excellente occasion de me faire obtenir de suite une situation au ministère, et peu de temps après les galons de capitaine. Je fus mandé à Paris ; la mission me fut confiée.

Je me suis rendu à Bruxelles et me suis abouché avec l’agent secret. Ce Foutier est un être ridicule, capable tout au plus d’être le plat valet d’une coterie. Son igno-