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Page:Darien - L’Épaulette, Fasquelle, 1905.djvu/384

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Et il tend à Raubvogel deux lettres que celui-ci parcourt rapidement.

— Vous voyez, dit mon père, que des poursuites sont inévitables si une plainte est formulée. Cette plainte, mon cher cousin, il faut déterminer Hablez à la déposer. S’il hésite, dites-lui que je dépose immédiatement une plainte moi-même. L’article abominable publié ce matin par Dreikralle me prouve que ce coquin veut commencer une campagne contre moi. Eh ! bien, mon système de défense, c’est l’attaque. Donc, j’attaquerai si Hablez n’agit pas. Démontrez à Hablez qu’il a tout intérêt à agir.

— Soyez tranquille, dit Raubvogel. Pourtant, le fait demeure que des fournitures refusées ont été présentées de nouveau par Hablez et acceptées par vous.

— Voilà une chose, dit mon père, dont je me fiche comme de colin-tampon ; Dreikralle et Ganivais, bien que directeurs de journaux, députés et chevaliers de la Légion d’honneur, seront poursuivis pour chantage et foutus dedans comme des tambours. Quant à Hablez, il est possible qu’on l’inquiète ; il se tirera de là comme il pourra. Dites-lui qu’il n’a rien à craindre. C’est tout ce que nous pouvons faire pour lui.

— Je lui démontrerai aussi, dit Raubvogel en clignant de l’œil, que nous lui tirons une fameuse épine du pied. Je vous ferai part de ce qu’il répondra. Mais pour vous, ne craignez-vous rien ?

— Rien ; et j’espère beaucoup. Je vais immédiatement aller trouver le ministre et le mettre au courant des choses. Je lui montrerai l’article de la Nation Française, pour commencer. Je lui exposerai ensuite l’affaire Hablez. Je n’ai rien à me reprocher à ce sujet-là ; j’ai pu être imprudent, ou tout au moins un peu négligent, mais ça arrive à tout le monde. Après tout, je ne peux pas vérifier par le menu les qualités de cinquante mille bidons ; je ne