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Page:Darien - L’Épaulette, Fasquelle, 1905.djvu/471

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républicaine est trop cléricale pour moi, bonapartiste. Ainsi, prenez garde ; vous voilà averti.

Je remercie le général qui, après un moment d’hésitation, ajoute :

— Je crois que je n’ai pas assez insisté. On cherche à vous jouer un sale tour, par tous les moyens ; vous comprenez. Je ne sais donc pas si vous feriez bien de persister à rester… Par exemple, si vous demandiez un long congé ? Hein ?… Ou bien… ou bien… Enfin, réfléchissez.

J’ai réfléchi. Et j’ai deviné, sans peine, le plan de Lahaye-Marmenteau. Un nouveau moyen d’action lui a été fourni par mon voyage à Wiesbaden. L’État-Major a été informé de ce voyage, certainement, par Estelle qui doit jouer maintenant vis-à-vis de l’Allemagne le rôle qu’elle a joué si longtemps vis-à-vis de la France, ne serait-ce qu’afin de hâter la libération de son mari ; et je m’arrête un moment à penser à cet excellent Raubvogel qui, au sortir de sa prison, se retrouvera à la tête d’un hôtel des Trois Cigognes, exactement comme s’il n’avait jamais quitté Mulhouse, comme s’il n’avait connu ni grandeur ni décadence ; encore un qui s’est donné beaucoup de mal pour rien !… Donc, Lahaye-Marmenteau se gardera bien de faire publier quoi que ce soit sur le compte de mon père. Un de ces jours, après m’avoir fait suffisamment espionner par ses mouchards en soutanes, après avoir accumulé contre moi un certain nombre de calomnies difficiles à détruire, il me fera appeler à Paris. Il me forcera à m’expliquer sur mon voyage à Wiesbaden, voyage entrepris par moi clandestinement et sans aucune autorisation, voyage dont il connaît fort bien les motifs — qu’il feindra d’ignorer. — Ces motifs, devant les accusations portées contre moi, il faudra que je les révèle, afin de me disculper. Et l’acte commis par mon père en 1870, dont la divulgation doit me déshonorer et que