Aller au contenu

Page:Darien - L’Épaulette, Fasquelle, 1905.djvu/474

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

aux Pauvres sans en souffrir dans une certaine mesure, est tellement abominable qu’elle les pousse eux-mêmes à la révolte dès qu’elle se fait sentir à eux. Plus loin, je distingue un détachement de disciplinaires, haillonneux, sinistres, qui cassent des pierres sous l’œil d’infâmes chaouchs armés de revolvers (Voir Biribi, Armée d’Afrique). Le crime de ces hommes est d’avoir manqué à la discipline ; discipline odieuse, imbécile, et qui n’existe que parce que la Patrie n’est qu’une Blague au lieu d’être une Réalité. Voilà des êtres (et ils sont des milliers !) forts et intelligents pour la plupart, dont on ruine la santé et la raison, de parti pris. La France gaspille les hommes ; elle gaspille leur intelligence et leur force ; à l’heure où sa population décroît ; à l’heure où, tous les quatre ans, un contingent tout entier passe par l’ajournement ou est réformé ; à l’heure où la population de l’Allemagne augmente sans cesse ; à l’heure où la France peut être facilement envahie, non seulement par l’Est, mais par le Nord-Ouest — car la flotte du Nord et de l’Ouest de la France n’a pas la moitié de la puissance de la marine de guerre allemande ! — Et la France, la France de la Bourgeoisie catholique, répète que la force principale des armées, c’est la discipline. La force principale des armées, leur seule force, c’est le sentiment patriotique de l’Égalité ; c’est la conscience de la patrie réelle, de la terre appartenant également à tous ceux qui la défendent. Et la discipline est un crime, un crime commis pour entretenir l’inégalité et la misère, un crime atroce, un crime contre la Nation ! Ce ne sont pas ces forçats, que j’aperçois, qui sont des criminels ; ce sont ceux qui les envoyèrent au bagne. Ah ! ces hommes à képis noirs, à capotes grises !… Une envie me prend de vivre avec eux, de souffrir avec eux ; et de sortir de leur Enfer d’obéissance, et de revenir en France ; et de battre la charge, contre Prudhomme, sur un tambour de régiment !…