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Page:Darwin (trad. Barbier) — Les plantes insectivores, 1877.pdf/425

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POILS GLANDULAIRES.

cellules des glandes contiennent un liquide rose brillant chargé de granules ou de masses globulaires de matière pulpeuse rosée. Cette matière doit être du protoplasma, car si l’on place une glande sous une goutte d’eau et qu’on l’examine au microscope, on voit que cette matière subit des changements de forme lents, mais incessants. On a observé des mouvements semblables chez des glandes qui avaient séjourné dans l’eau pendant une, trois, cinq, dix-huit et vingt-sept heures. Au bout même de ce laps de temps, les glandes conservent leur couleur rose brillant, et le protoplasma contenu dans les cellules ne paraît pas s’être agrégé. Les changements de forme constants des petites masses de protoplasma ne sont pas dus à l’absorption de l’eau, car on a observé ces mouvements dans des glandes parfaitement sèches.

Le 29 mai, j’ai ployé une tige supportant une fleur et encore attachée à la plante, de façon à la plonger pendant vingt-trois heures trente minutes dans une forte infusion de viande crue. La couleur du liquide contenu dans les glandes se modifia quelque peu ; il prit une teinte plus pourpre et plus foncée qu’auparavant. Le contenu des cellules paraissait aussi plus agrégé, car les espaces séparant les petites masses de protoplasma étaient plus grands ; toutefois, ce dernier résultat n’a pas accompagné d’autres expériences analogues. Les masses de protoplasma semblaient aussi changer plus rapidement de forme que chez les glandes plongées dans l’eau, de telle sorte que les cellules variaient d’aspect toutes les quatre ou cinq minutes. Les masses allongées se transformaient en masses sphériques au bout d’une ou deux minutes ; elles s’allongeaient et s’unissaient à d’autres. Des masses microscopiques augmentaient rapidement de volume, et j’ai vu trois globules parfaitement distincts se réunir en un seul. En un mot, les mouvements produits dans le protoplasma ressemblaient exactement à ceux que j’ai décrits pour le Drosera. Les cellules des pédicelles ne furent pas affectées par l’infusion ; je puis ajouter qu’elles ne le furent pas non plus dans l’expérience suivante.

Je plongeai de la même façon, et pendant le même laps de temps, une autre tige à fleurs dans une solution contenant une partie d’azotate d’ammoniaque pour 146 parties d’eau (3 grains d’azotate pour une once d’eau) ; l’effet produit sur les glandes, au point de vue de la couleur, fut exactement le même que celui produit par l’infusion de viande crue.

Je plongeai une autre tige à fleurs, dans les conditions que je viens

    qu’il a trouvé sur presque toutes des restes d’insectes adhérant aux feuilles. Un de mes amis m’apprend qu’il en est de même en Irlande.