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Page:Darwin (trad. Barbier) — Les plantes insectivores, 1877.pdf/427

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POILS GLANDULAIRES.

qu’elle eût atteint les glandes, c’est-à-dire dans une direction contraire à celle que l’on observe dans la tige qui n’a pas été endommagée. Les glandes changèrent alors de couleur, et les matières granuleuses qu’elles contenaient déjà s’agrégèrent en grosses masses. Je plongeai deux autres petits morceaux d’une tige, pendant deux heures quarante minutes, dans une solution plus faible, contenant 1 partie de carbonate pour 218 parties d’eau ; dans ces deux spécimens aussi les pédicelles des poils, près des extrémités coupées, se remplirent de matières granuleuses et les glandes changèrent complètement de couleur.

Enfin, je plaçai des parcelles de viande sur quelques glandes, que j’examinai au bout de vingt-trois heures, en même temps que d’autres qui me semblaient avoir capturé des petites mouches peu de temps auparavant ; mais ni les unes ni les autres ne semblaient différer des glandes des autres poils. Peut-être n’avais-je pas alloué un temps suffisant pour l’absorption ; je serais assez disposé à le croire, car d’autres glandes sur lesquelles des mouches mortes avaient évidemment reposé pendant fort longtemps, affectaient une couleur pourpre pâle sale, ou étaient même devenues presque incolores ; en outre, les matières granuleuses contenues dans les cellules présentaient un aspect extraordinaire et quelque peu singulier. Nous pouvons conclure que ces glandes avaient absorbé des matières animales provenant des mouches, probablement par exosmose dans la sécrétion visqueuse, non-seulement à cause de la modification survenue dans leur couleur, mais aussi parce que, plongées dans une solution de carbonate d’ammoniaque, quelques cellules de leurs pédicelles se remplirent de matières granuleuses, tandis que les cellules d’autres poils qui n’avaient pas capturé de mouches ne contenaient qu’une petite quantité de matières granuleuses après avoir été plongées le même laps de temps dans la solution. Toutefois, il faut de nouvelles preuves avant d’admettre complètement que les glandes de cette Saxifrage peuvent absorber, même en allouant un temps considérable, des matières animales provenant des petits insectes qu’elles capturent quelquefois accidentellement.

Saxifraga rotundifolia (?). — Les poils qui recouvrent les tiges à fleurs de cette espèce sont plus-longs que ceux que nous venons de décrire et supportent des glandes brun pâle. J’ai examiné beaucoup de ces poils, et j’ai trouvé que les cellules des pédicelles sont tout à fait transparentes. Je plongeai une tige recourbée dans une solution contenant 1 partie de carbonate d’ammoniaque pour 109 parties d’eau ; au bout de trente minutes, deux ou trois des cellules supérieures des pédicelles contenaient des matières granuleuses ou agré-