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Page:Darwin (trad. Barbier) — Les plantes insectivores, 1877.pdf/468

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PINGUICULA VULGARIS.

EFFETS PRODUITS PAR LES SUBSTANCES CONTENANT DES MATIÈRES AZOTÉES SOLUBLES.

1. — J’ai placé des mouches sur beaucoup de feuilles et j’ai amené ainsi les glandes à sécréter abondamment ; la sécrétion devient toujours acide, bien qu’elle ne le soit pas au commencement de l’expérience. Au bout d’un certain laps de temps, ces insectes deviennent si mous qu’on peut détacher les membres de leur corps au moyen d’un simple attouchement, ce qui provient sans doute de la digestion et de la désagrégation des muscles. Les glandes, placées en contact avec une petite mouche continuèrent à sécréter, pendant quatre jours et se desséchèrent ensuite presque complètement. Je coupai une bande étroite de cette feuille et je comparai au microscope les glandes des poils longs et courts, qui étaient restés pendant quatre jours, en contact avec la mouche, avec les glandes qui ne l’avaient pas touchée ; ces glandes présentaient un contraste extraordinaire. Celles qui s’étaient trouvées en contact avec la mouche étaient remplies de matière granuleuse brunâtre, les autres de liquide homogène. Il était donc impossible de douter que les premières avaient absorbé des substances tirées de la mouche.

2. — Des petits morceaux de viande rôtie placés sur une feuille provoquent toujours des sécrétions acides abondantes dans le courant de quelques heures ; dans un cas, l’effet s’est produit au bout de quarante minutes. J’ai placé un jour des fibres très-menues de viande sur le bord d’une feuille presque verticale ; les sécrétions ont été si abondantes qu’elles ont coulé sur le sol. Des morceaux angulaires de viande placés dans des petits amas de sécrétion, près du bord, ont été, au bout de trois jours, réduits considérablement en volume et arrondis ; en outre, ils sont devenus plus ou moins incolores et transparents, et ils se sont tellement ramollis qu’ils tombaient en morceaux dès qu’on les touchait. Dans un cas seulement une parcelle de viande très-petite a été complètement dissoute au bout de quarante-huit heures. Quand les sécrétions ne sont pas très-abondantes, elles sont généralement réabsorbées dans un laps de temps qui varie de vingt-quatre à quarante-huit heures, et les glandes se dessèchent. Quand, au contraire, les sécrétions sont abondantes, soit autour d’un seul morceau assez gros de viande, soit autour de plusieurs petits morceaux, les glandes ne se dessèchent qu’au bout de six ou sept jours. Le cas le plus rapide de réabsorption que j’aie observé se pro-