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Page:Darwin (trad. Barbier) — Les plantes insectivores, 1877.pdf/68

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DROSERA ROTUNDIFOLIA.

tement des boules extrêmement petites de protoplasma s’agréger dans le liquide pourpre ; ces boules augmentaient rapidement en grosseur à l’intérieur des cellules des glandes et des cellules de l’extrémité supérieure des pédicelles. J’ai placé des parcelles de verre, de liège et de charbon sur les glandes de nombreux tentacules : au bout d’une heure, plusieurs étaient infléchis, mais, au bout d’une heure trente-cinq minutes, je n’ai pu apercevoir aucune agrégation. J’ai examiné, au bout de huit heures, des tentacules portant des parcelles analogues ; toutes les cellules présentaient alors des phénomènes d’agrégation. Il en était de même des cellules des tentacules extérieurs qui s’étaient infléchis par suite de l’impulsion qui leur avait été transmise par les glandes du disque sur lesquelles reposaient les parcelles. J’ai observé le même phénomène à l’intérieur des cellules des tentacules courts, qui entourent le disque, bien qu’aucun d’eux ne se fût encore infléchi. Ce dernier fait prouve que les phénomènes d’agrégation se produisent indépendamment de l’inflexion des tentacules ; nous en avons, d’ailleurs, de nombreuses preuves. Dans une autre expérience, j’ai examiné avec beaucoup de soin les tentacules extérieurs de trois feuilles et j’ai pu m’assurer qu’ils ne contenaient que du liquide pourpre homogène ; je plaçai alors des petits morceaux de fil sur les glandes de trois de ces tentacules ; au bout de vingt-deux heures, le fluide pourpre de leurs cellules jusqu’à la base des pédicelles s’était transformé en innombrables masses sphériques allongées ou filamenteuses de protoplasma. Les morceaux de fil avaient été, depuis quelque temps, transportés jusqu’au disque central, ce qui avait causé l’inflexion plus ou moins prononcée de tous les autres tentacules ; les cellules de ces derniers présentaient aussi quelques traces d’agrégation, mais j’ai pu observer que cette agrégation ne s’étendait pas jusqu’à la base des pédicelles et était restreinte aux cellules placées immédiatement au-dessous des glandes.

Non-seulement les attouchements répétés opérés sur les glandes et le contact de parcelles extrêmement petites produisent l’agrégation[1], mais, si on coupe, sans les blesser, les glandes qui surmontent les pédicelles, on provoque par ce fait une certaine agrégation dans les tentacules décapités qui commencent par s’infléchir. D’autre part, si on

  1. À en juger d’après certaines observations de M. Heckel, dont je viens de lire le détail dans le Gardener’s Chronicle (10 octobre 1874), un phénomène semblable se produit dans les étamines du Berberis après qu’elles ont été excitées par un attouchement et qu’elles se sont mises en mouvement ; il dit en effet « Le contenu de chaque cellule individuelle se groupe au centre de la cavité. »