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Page:Darwin (trad. Barbier) — Les plantes insectivores, 1877.pdf/79

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AGRÉGATION DU PROTOPLASMA.

l’amidon deviennent aussi un peu flasques et leurs tentacules se contournent de la façon la plus irrégulière, les plus longs affectant absolument la forme de tire-bouchons. Nous verrons, ci-après, que ces solutions placées sur le disque des feuilles ne causent pas l’inflexion des tentacules. Des parcelles de cassonade placées sur la sécrétion qui entoure les glandes se dissolvent bientôt et la sécrétion augmente dans une proportion considérable, sans doute par suite de l’exosmose ; au bout de vingt-quatre heures, on remarque un certain degré d’agrégation dans les cellules, bien que les tentacules ne s’infléchissent pas. La glycérine provoque, au bout de quelques minutes, une agrégation bien prononcée qui commence, comme à l’ordinaire, à l’intérieur des glandes et qui se propage le long des tentacules ; on peut, je crois, attribuer cet effet à la grande attraction que la glycérine exerce sur l’eau. L’immersion dans l’eau, prolongée pendant plusieurs heures, produit un certain degré d’agrégation. J’ai examiné 20 feuilles avec beaucoup de soin, puis je les ai étudiées de nouveau après les avoir laissées dans l’eau distillée pendant des espaces de temps différents ; j’ai obtenu les résultats suivants : il est rare de trouver des traces d’agrégation à moins que les feuilles n’aient été plongées dans l’eau pendant quatre ou cinq heures et même ordinairement pendant plus longtemps. Toutefois, quand une feuille s’est rapidement infléchie après l’immersion, ce qui arrive quelquefois, surtout quand il fait très-chaud, l’agrégation peut se produire au bout d’une heure à peu près. Dans tous les cas, les glandes des feuilles plongées dans l’eau pendant plus de vingt-quatre heures sont complètement noircies, ce qui prouve que le liquide qu’elles contiennent est complètement agrégé ; dans les spécimens dont je viens de parler et qui ont été examinés avec soin, j’ai pu remarquer des traces d’agrégation bien marquées dans les cellules supérieures des pédicelles. Ces essais, ayant été faits avec des feuilles coupées, il me parut que cette circonstance était de nature à influencer les résultats, car les tiges ne pouvaient peut-être pas absorber l’eau assez rapidement pour subvenir aux besoins des glandes qui continuent à sécréter. Toutefois, cette hypothèse ne se vérifia pas ; j’expérimentai, en effet, sur une plante portant 4 feuilles et dont les racines étaient en parfait état ; je la plongeai dans l’eau distillée pendant quarante-sept heures ; au bout de ce temps, les glandes avaient noirci bien que les tentacules ne fussent que fort peu infléchis. Chez l’une de ces feuilles, je ne remarquai que quelques traces d’agrégation dans les tentacules ; chez la seconde, l’agrégation était un peu plus marquée et le liquide pourpre des cellules s’était un peu séparé des parois ; chez la troisième et chez la quatrième, qui étaient des feuilles pâles, l’agrégation des parties supérieures des pédicelles