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Page:Daudet – Les Rois en exil – Éditons Lemerre.djvu/106

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— C’est pourtant un bon garçon… Il aurait pu m’être fort désagréable avec l’histoire de ce livre… Il n’en a pas soufflé mot.

— Vraiment ?… Eh bien ! je vous assure que quand on vous félicite devant la reine, elle a un singulier sourire en vous regardant. Mais vous êtes si simple, mon pauvre Herbert !

À la mine fâchée de son mari, devenu subitement tout rouge, la bouche gonflée d’une bouderie d’enfant, la princesse craint d’être allée trop loin et de ne pouvoir obtenir ce qu’elle est venue chercher. Mais le moyen de garder rigueur à cette jolie femme assise au bord du lit, la tête à demi tournée d’un mouvement plein de coquetterie, qui fait valoir la taille jeune et libre sous les dentelles, la rondeur lisse du cou, l’œil provoquant et malin entre les cils ! La bonne physionomie du prince redevient vite aimable, commence même à s’animer d’une façon extraordinaire au frôlement tiède de cette petite main qu’on lui abandonne, à cette fine odeur de femme aimée… Ah ça ! que veut-elle donc savoir, la petite Colette ?… Bien peu de chose, un simple renseignement… Le roi a-t-il, oui ou non, des maîtresses ?… Est-ce la passion du jeu qui l’entraîne, ou seulement le goût du plaisir, des distractions violentes ?… L’aide de camp hésite avant de répondre. Compagnon de tous les champs de bataille, il craint, en racontant ce